N°1 : Thermographie - Pont thermique et défaut d'isolation
Voici un exemple pris dans du collectif récent, avec une isolation par l’intérieur. La pièce photographiée est située au premier étage. La photo de gauche dans le visible présente un mur donnant sur l’extérieur. La photo à droite montre la même vue en infrarouge. A votre avis, à quoi correspondent les taches sur le mur et le tracé bleu le long de la plinthe ?
Interprétations possibles :
Le filet bleu foncé le long de la plinthe est très marqué. Il peut indiquer un problème de pont thermique ou/et d’un défaut d’isolant avec des panneaux muraux.
Les taches sont très localisées et peuvent correspondre aux plots de colle derrière les panneaux isolants ou à un léger manque d’isolant. Hypothèses les plus vraisemblables : 1/ Tassement de l’isolant collé sur le mur à l’emplacement des plots de colle ou 2/ Absence d’isolant au niveau des taches.
N°2 : Thermographie et détection de nids d'insectes
Il s’agit de la face intérieure d’un mur situé au 1er étage d’une maison individuelle sous la pente du toit. Une tache brillante, indiquant une température surfacique beaucoup plus élevée est clairement visible à la limite du plafond à gauche d’une fenêtre. Il n’y a aucune lampe ou appareil dirigé vers ce point et le mur n’est pas réfléchissant. Quelle peut être l’explication ?
L’opérateur a observé que la tache restait statique, à température constante quel que soit le moment dans la journée (remarque : la température sur les photos est indiquée en °F, avec 85,3°F = 29,6°C). Il a alors émis l’hypothèse de la présence d’un nid d’insectes. Après avoir percé un petit trou, des frelons sont effectivement rapidement apparus. Quelques jours après que l’occupant de la maison ait bombardé le nid d’insecticide (par un petit trou intérieur et un à l’extérieur), l’opérateur a refait un thermogramme: la tache a totalement disparu.
N°3 : Thermographie et faiblesse d'isolation
L’image visible présente une façade extérieure percée par une ouverture ronde à deux vantaux. La photo en infrarouge, montre cette même fenêtre prise de l’intérieur du bâtiment. On constate une température de 16°C sur la partie ouvrante, en PVC. A la jonction de la maçonnerie, cette température chute à 10,7°C (en vert-bleu sur la photo IR). Quelle peut en être l’origine ?
Hypothèses principales : il pourrait s’agir d’un problème d’étanchéité à l’air ou de pose (mauvaise jonction entre la maçonnerie et la menuiserie), laissant passer de l’air refroidissant le dormant. Or, le changement de température étant très brusque (nette séparation des couleurs), une fuite d’air est peu probable car la transition d’une température à l’autre serait plus progressive. Il s'agit plus vraisemblablement d'une faiblesse d'isolation du dormant, avec apparition d’un phénomène de conduction-convection localisé sur une tranche étroite autour de l’ouverture.
N°4 : Thermographie et réflexions parasites
La photo ci-dessous montre un silo en fibre de verre pris en infrarouge en hiver. La couleur bleue foncée du thermogramme au niveau du haut du silo indique une température plus basse que la base conique, presque rouge.
Il semble y avoir une démarcation colorée assez nette vers le milieu du silo, laissant penser que la température surfacique de sa moitié inférieure est plus élevée que la moitié supérieure.
Pourrait-il s’agir d’une différence liée à la présence de grains à l’intérieur – auquel cas la zone jaune-rouge du thermogramme à mi-hauteur pourrait indiquer le niveau des grains à l’intérieur du silo?
Or, après vérification, le silo est vide…
En fait, il est constitué de trois pièces soudées entre elles : un dôme en haut, puis un cylindre et, enfin, un cône renversé. La zone jaune-rouge correspond au cône, jusqu’à la soudure avec le cylindre.
Rappelez-vous, le silo est en fibre de verre, il réfléchit manifestement la température de l’environnement qui s’y reflète. Le dôme renvoie donc le ciel froid (photo prise en hiver) et le cylindre réfléchit l’environnement comme une façade verticale. Le cône inversé, quant à lui, reflète le sol et la terre, plus chauds que l’air. Voilà pourquoi le thermogramme indique une température plus élevée à ce niveau.
N°5 : Lors d’un test d’infiltrométrie...
...(appelé aussi test d’étanchéité) où de l’air est insufflé sous pression dans une pièce, la caméra thermique met en évidence la présence de panaches violacés autour de la fenêtre (à gauche), des prises et des interrupteurs (à droite).
Ces panaches indiquent que de l’air s’échappe tout autour de ces éléments en refroidissant la surface des parois – différentiel de température qui est alors détecté par la caméra thermique. Ils correspondent à des défauts de traitement des points de jonction, laissant passer de l’air.
Ainsi, la thermographie infrarouge ne se contente pas de mettre en évidence des problèmes d’isolation comme on peut s’y attendre pour une fenêtre, par exemple. Elle permet également de détecter des problèmes de fuites, comme une prise mal posée.
Dès lors qu’un différentiel de température peut être observé, qu’il s’agisse de fuites d’air ou d’eau, la caméra sera à même de les détecter et les illustrer en image. Des anomalies comme les infiltrations, l’humidité, des zones de condensation ou de moisissures, des fissurations sous revêtement…sont autant de problèmes touchant le bâtiment qui peuvent être localisés très précisément en étant révélés par la caméra.
N°6 : Pièges à éviter
L’une des difficultés des mesures en thermographie infrarouge est de toujours analyser le contexte dans lequel l’opérateur évolue. Voici ci-dessous les images en visible et en infrarouge d’un immeuble. Sur l’image thermique, à gauche, on observe une température de surface plus élevée de part et d’autres des fenêtres au coin du premier étage (aplats rouges). Cette différence de température pourrait signifier une déperdition de chaleur autour des fenêtres.
En fait, il n’en est rien. La photo de droite montre que le bâtiment est partiellement ensoleillé, ce qui a pour effet de réchauffer sensiblement une partie de la façade. Ainsi, les taches rouges sur le thermogramme mettent simplement en évidence ce réchauffement de la paroi, nullement du à une quelconque anomalie du bâti. Or, même si le soleil disparait (parce que le ciel se couvre, par exemple), la façade continuera encore à rayonner la chaleur emmagazinée pendant un moment, générant des images thermiques pouvant être mal interprétées.
N°7 : Pont thermique et confort des habitants
Les photos suivantes ont été prises à l’intérieur d’un logement dont les murs sont non isolés mais tapissés sur une sous-couche en mousse fine. L’image de droite présente un détail pris à la caméra thermique du bas du mur, à gauche de la tablette (voir la photo de gauche). Elle surimpose la plinthe en vision infrarouge sur fond visible.
Sur le thermogramme, la plinthe apparait nettement bleutée en comparaison avec le plancher et le mur jaunâtre, indiquant une température inférieure. Des points bleu foncé sont également observables tout le long.
En fait, ces points bleus matérialisent les points d’attache probablement métalliques du tissu tendu sur le mur, la plinthe arrivant pratiquemment au bord de la tapisserie. Au final, cette dernière joue le rôle d’isolant sur le mur, avec une température de surface supérieur à la plinthe. Cette dernière génère un pont thermique au regard du confort apporté par le revêtement sur les murs.
Ainsi, la présence de parois tapissées permet d’isoler le revêtement de façon homogène. La sensation de parois froides disparait (ou diminue), contribuant à l’amélioration du confort thermique des habitants.
N°8 : Thermographie et ventilation
Les photos suivantes montrent une fenêtre prise en image visible et infrarouge de l’intérieur d’un logement. Sur le thermogramme, une tache bleue est clairement visible au dessus de l’encadrement, indiquant un refroidissement net de la paroi au niveau de la grille de ventilation.
C’est effectivement l’air entrant, plus froid, qui est à l’origine de ce refroidissement. Mais attention ! La caméra ne voit pas l’air froid, elle ne mesure que le différentiel de température de la paroi refroidie par l’air. Cette variation est le signe d’une bonne ventilation causée par un appel d’air important résultant de la présence d’une VMC (ventilation mécanique contrôlée).
Bien que cet abaissement de température puisse faire craindre d’importantes déperditions thermiques, il témoigne en réalité d’un bon fonctionnement du renouvellement de l’air, essentiel pour garantir une bonne qualité de l’air intérieur.
N°9 : Thermographie et infiltrations
Les photos suivantes montrent le mur extérieur d’un immeuble présentant des désordres sur sa face intérieure : dégradation des revêtements et taux d’humidité élevés obtenus par des moyens complémentaires.
Les thermogrammes ci-dessous, pris de l’extérieur, permettent de visualiser dans les deux cas, deux zones : une zone saine étendue de couleur vert-jaune et une zone de désordre de couleur bleue.
Après sondage, nous nous sommes apperçus de fissures et de la présence d’une Isolation Thermique par l’Extérieur à l’origine des désordres (l’isolant extérieur et son enduit de revêtement sont en contact à tort avec le sol et retiennent l’eau).
N°10 : Thermographie et conditions environnementales
Le thermogramme ci-dessous montre la toiture d’un bâtiment présentant de larges zones colorées en rouge, ce qui indique une température apparente de surface bien plus élevée que le reste du bâtiment. A la vue de cette image, peut-on conclure que nous sommes en présence de déperditions thermiques ?
Sans information sur l’heure à laquelle le thermogramme a été réalisé, il est impossible de conclure. En effet, l'heure durant laquelle la thermographie infrarouge a été réalisée peut inévitablement conduire en erreur une personne non avertie. En réalité, dans les heures précédant cette mesure, le soleil était présent et ce bâtiment a été exposé à son rayonnement. Le thermogramme n’illustre en fait qu'un phénomène de restitution, par la couverture, d'énergie solaire accumulée durant les heures qui ont précédé.